N° 42

Guerre et cinéma

Éditorial

Yann Andruétan | Bénédicte Chéron | Isabelle Gougenheim

Dossier

Bénédicte Chéron

Un pont entre deux mondes

Le cinéma français a longtemps entretenu des rapports difficiles et contrastés avec les personnages militaires, réduits à des stéréotypes de victime ou de bourreau. L’engagement français en Afghanistan a provoqué des évolutions notables. Reste que ces frémissements demeurent timides.
Yves Trotignon

L’art français de (filmer) la guerre

Le cinéma français, qui a donné au monde quelques chefs-d’œuvre du film de guerre, marque désormais le pas. Évitant soigneusement les questionnements politiques, il se convertit, après des années de désintérêt, à la superproduction sponsorisée sur le modèle américain.
Jean Michelin

La 317e section, un mythe pour les soldats français

Monument de la filmographie de guerre en France, La 317e Section de Pierre Schoendoerffer continue de fasciner les soldats français plus de cinquante ans après sa sortie au cinéma. Quelles sont les raisons de ce succès ?
Brice Erbland

Films pacifistes et vocation militaire

Les films sur la guerre du Vietnam des années 1980 occupent une place particulière dans l’esprit des militaires engagés dans les années 1990 et 2000 : ils ont bercé leur adolescence, forgé leur vocation. Comment, alors qu’ils sont censés dégoûter de la guerre, peuvent-ils donner l’envie à des jeunes de s’engager ?
Yann Andruétan

La jouissance de l’œil

Le cinéma de guerre exerce une étrange fascination sur les spectateurs. Il constitue même une sorte de plaisir coupable. Il faut un cinéaste talentueux pour savoir user des images sans tomber dans la complaisance facile envers le spectacle des combats.
Gabriel Le Bomin

« Que fais-je à filmer la mort ? »

Réalisateur de nombreux documentaires, courts et long-métrages sur la guerre et ceux qui la font, Gabriel Le Bomin revient sur les raisons de son intérêt pour le fait guerrier et sur ce qui fait son originalité de metteur en scène : suggérer plutôt que montrer crument la violence et la mort à l’écran.
Philippe Torreton

Capitaine Conan : un coup à l’âme

Philippe Torreton explique comment il est entré dans le personnage du capitaine Conan. Il décrit la phase d’appropriation, son travail d’acculturation, ses sentiments à l’égard des anciens combattants et de la guerre, son travail avec Bertrand Tavernier, réalisateur du film.
Pauline Rocafull

Écrire un film de guerre

Comment et pourquoi écrire des scénarios sur le fait militaire ? Quels freins rencontrent les scénaristes français ? Une évolution est-elle perceptible depuis la signature de la convention liant la Guilde française des scénaristes et le ministère des Armées, et la création de la Mission cinéma au sein de celui-ci ?
Philippe Bodet

Réalisateur embarqué

Le reportage ou le documentaire en immersion est un genre en soi. Il nécessite de la part du réalisateur une faculté d’adaptation à un milieu particulier ainsi qu’une véritable bienveillance. Cela n’empêche nullement d’informer, de décrypter, d’expliquer. En cela, le temps long de l’embarquement a une vertu : il permet d’approcher la vérité du soldat.
Emmanuelle Flament-Guelfucci

De l’usage des fonds de l’ECPAD

Nées de la guerre, les images animées militaires sont, dès l’origine, destinées à être diffusées et à être conservées. Service public d’archives audiovisuelles, l’ecpad met aujourd’hui ses collections à la disposition de tous.
Jean-Luc Cotard

« Je me reconnais dans votre film »

Producteurs et réalisateurs ont besoin de crédibiliser leurs films et pour ce faire ont recours à des conseillers « militaires », qui leur apportent le vernis et le sens du détail nécessaires, un conseil variable en quantité et en qualité selon le projet.
Pauline Blistène

Cinquante nuances d’espions

La fiction d’espionnage française est réputée pour son invraisemblance ou son grand-guignolesque. Tout semble avoir changé depuis avril 2015 et la diffusion du Bureau des légendes. Une série qui, outre son indéniable qualité narrative, renouvelle entièrement l’imaginaire de l’espionnage hexagonal.
Philippe Rousselot

Forces spéciales dans les salles obscures

Depuis la guerre du Vietnam, et plus encore depuis le 11-Septembre, le cinéma a collé à un nouveau type d’action militaire : les opérations spéciales. Hollywood a fixé les règles scénaristiques du genre, qui tient désormais une place de choix dans le cinéma de guerre. Le soldat des forces spéciales est aujourd’hui le héros par excellence, un « cowboy postmoderne ».
Olivier Wieviorka

La résistance : une représentation impossible ?

Les représentations de la Résistance dans le cinéma français ont largement évolué depuis 1945. À la Libération, les films tendent à exalter l’armée des ombres, mais à partir de 1958, et a fortiori de 1973, l’image se fait plus complexe, au risque de se brouiller. Sans pourtant inspirer de chefs-d’œuvre, à de rares exceptions près.
Alexander Jünemann

Generation war, un débat allemand

Generation War est une série allemande qui raconte le destin de cinq amis âgés d’une vingtaine d’années en 1941. Énorme succès populaire, elle a déclenché des débats intenses entre historiens, philosophes et éditorialistes, et des discussions enflammées entre générations. La vision d’un jeune officier allemand.
Patrick Clervoy

Lawrence d’Arabie, la tragédie à l’envers

Reconnue dès sa sortie en 1962 comme un grand film, l’adaptation par David Lean des Sept Piliers de la sagesse de Thomas Edward Lawrence est construite comme une tragédie antique. Lorsque le mythe dépasse l’histoire individuelle, il finit par broyer celui qui l’a porté.
Évelyne Gayme

La grande illusion ou comment rendre populaire la captivité

Les critiques cinématographiques, les biographes de Jean Renoir ou les historiens insistent sur le pacifisme de La Grande Illusion et/ou sur la présentation de la lutte des classes qui y sont mis en scène. Mais c’est surtout le premier film évoquant la captivité de guerre. Plus encore, il en est l’archétype.
Élie Tenenbaum

La Bataille d’Alger : manuel de guérilla ou leçon de cinéma ?

La Bataille d’Alger est une œuvre cinématographique hors du commun, au carrefour du film de guerre, du film d’auteur engagé et du cinéma documentaire. Outil de propagande dans l’Algérie de Boumédiène, c’est une référence incontestable pour les mouvements révolutionnaires de tous horizons aussi bien que pour les experts de la contre-insurrection.
Olivier-René Veillon

Why we Fight: Hollywood en guerre

Why we fight, série documentaire de sept films signée Frank Capra, est produite entre 1942 et 1945 par le service de l’information de guerre du département des transmissions des forces armées américaines. Une œuvre de propagande qui est aussi un film d’auteur signé par l’un des plus grands réalisateurs d’Hollywood. Un des grands moments de l’histoire du cinéma, mais plus encore un moment décisif dans l’histoire des États-Unis.

Pour nourrir le débat

Benjamin Brunet

Abou Bakr Al-Baghdadi est-il un lecteur assidu de la pensée militaire française ?

La stratégie menée par l’État islamique ces dernières années a suivi quasi méthodiquement les six principes de la guerre en montagne. Ils s’avèrent ainsi être une grille de lecture pertinente pour mesurer l’efficacité d’un groupe terroriste ancré dans une stratégie territoriale utilisant des modes d’action classiques ou hybrides.
Maxime Azan

L’architecture militaire au service de la représentation de l’État

Outil de défense, l’architecture militaire est parée de symboles exprimant les valeurs de l’armée. Elle est aussi un moyen d’expression de la puissance de l’État. L’auteur s’attache à appréhender ces symboles et à analyser leur évolution du Grand Siècle à nos jours.
Émilien Frey

Commander : un besoin de responsabilité

Comprendre le monde afin de choisir en conscience, se préparer intellectuellement à l’exercice de l’autorité : le chef doit toujours veiller au besoin en responsabilité inhérent au commandement des hommes.

Comptes rendus de lecture